Pierlyce Arbaud
Le Laboratoire 2010/2011
Qu’est-ce qu’un auteur, un « poète », qui se fait également à l’occasion dessinateur, plasticien, philosophe… qui est donc un peu tout cela à la fois sans être rien de tout cela, qui s’applique, dans notre société de l’image, à dissimuler son visage, et dont on ne sait peut-être pas le véritable nom, mais dont on commence à parler (et pas qu’en bien) dans un certain « milieu universito-littéraire », et qui est même déjà, à peine lu (et sans se montrer), à l’origine d’un mini-buzz sur le Net ? Qu’est-ce qu’un tel auteur sinon (terme à la mode) un concept ? Soyons honnêtes, le « malentendu » qui fait de lui une sorte d’« humano-phobe » un brin provocateur a été voulu. Ajouté à son côté « non identifié », en plus de l’inscrire (toute proportion gardée) dans la lignée de ces descripteurs de la misère (entre autres) sexuelle de notre époque, de ces misanthropes géniaux très en vogue à qui l’on va jusqu’à décerner les prix littéraires les plus prestigieux, que l’on va jusqu’à stariser (…), il contribue autant à susciter la curiosité qu’à semer le doute. Mais derrière cette image – sans visage – plus ou moins flatteuse que l’on peut se faire de lui ne manque pas d’apparaître, au-delà même de celle du poète décapant ou de l’artiste dérangeant, l’image – ou nous disions donc le concept – du créateur (se) créant, ou mieux : celle du chercheur (se) cherchant. Qu’il soit ici à la recherche d’une langue, là, de son propre « côté obscur », ou, ailleurs, de l’inspiration… ces trois quêtes pouvant bien entendu se croiser, il s’agit autant pour lui – comme, du reste, pour tout créateur – de vous trouver (vous, ses contemporains) que de se trouver…
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